J’ai intégré cette année un club très select : le club des gens qui n’ont plus de maman.
Soudainement, comme ça.
Un jour t’as une maman, et puis, paf, en un soupir, elle n’est plus là…
J’ai autour de moi plusieurs personnes, de mon âge ou à peu près qui ont perdu leur papa ou leur maman. Parfois jeune, très jeune.
J’ai toujours eu beaucoup de compassion pour ces personnes qui ont grandi sans l’un de leurs parents. De l’apprendre me faisait toujours me demander comment je le vivrais moi. Ces questionnements ne s’attardaient jamais, je les balayais toujours d’un revers de la main, car, voyez vous, tout comme les animaux de compagnie, les parents sont immortels.
Je ne fais pas DU TOUT partie des personnes qui pensent à la mort depuis l’enfance. Je n’ai pas le souvenir d’avoir eu beaucoup de questionnements métaphysiques étant enfant. Il y a souvent une phase où on s’interroge sur la mort, la vie, qu’est-ce qu’il y a après la mort, pouvant mener à l’ouverture sur une spiritualité. Je crois que j’ai manqué ce jour là.
Vraiment, j’ai passé mon enfance et jusqu’à il n’y a pas longtemps avec la même énergie que ce gif :
J’ai la chance de n’avoir pas été touchée par des deuils de personnes proches de moi. Pas de bol, ça commence avec ma mère. En mode expert direct.
Pas d’entrainement, zéro expérience.
Cette newsletter n’a pas pour but de faire pleurer dans les chaumières ni de vous raconter intimement ce par quoi je suis passée depuis ce 17 avril 2024, mais je voulais qu’elle soit l’occasion de vous faire part de mon expérience sur plusieurs plans :
des conseils pour parler et préparer son décès
des conseils sur comment être une chouette personne pour un·e proche endeuillée
et, of course des reco de séries qui font du bien pendant cette période où tout est dur
Se préparer
Évidemment qu’on a connu plus joyeux comme sujet, mais, vraiment, ne vous privez d’aborder avec vos proches le sujet de votre mort. Quelle type de funérailles vous souhaitez, quel type de cérémonie, pourquoi pas les musiques que vous souhaitez être diffusées1, si vous souhaitez être enterré·es quelque par en particulier, où que vos cendres soient dispersées dans tel ou tel endroit. Vous pouvez aussi consigner tout cela par écrit, et pourquoi pas devant un notaire si besoin.
Je savais la majorité de ces choses pour ma maman, et heureusement. La cérémonie arrive très très vite après le décès, il faut faire des choix super rapidement, et c’est toujours rassurant de savoir qu’on ne s’est pas plantée et qu’on est, autant que faire se peut, raccord avec les volontés de notre défunt·e.
Au delà de ces choix dont nous pouvons parler de notre vivant, un autre aspect est super important : l’aspect financier. Et oui, mourir coûte cher ! Au minimum 3500-4000€, juste pour les funérailles. Et au delà des funérailles, il peut y avoir plein de frais associés à la perte d’un être cher : payer de loyer de l’appartement qu’il ou elle occupait (un mois, deux mois selon le temps que vous mettez à tout trier et vider), payer un logement sur place, payer un camion de déménagement, payer une résidence secondaire à la pizzaiolo du village tellement cuisiner est IMPOSSIBLE, régler d’éventuelles dettes, payer vos propres charges si vous prenez un arrêt de travail qui est mal indemnisé, etc…
Il existe différents dispositifs assurantiels spécifiques pour préparer ces moments là :
Les assurances ou conventions obsèques :
Elles couvrent uniquement le paiement des frais liés aux obsèques, et permettent parfois de faire les choix en amont, de votre vivant sur les plaques, cercueils, capitonnage, parution dans le journal, etc…
Il est conseillé de bien se renseigner sur les contrats pour être sur que le montant total soit couvert.
Les assurances ou capital décès :
Elles assurent le versement d’un capital aux héritier·es après le décès (dans mon cas un peu plus de 2 mois après, en suivant de près et en relançant souvent). L’avantage c’est que ce capital n’est pas inclus dans la succession qui passe devant le notaire, donc c’est plus rapide, et le capital est généralement plus important que la somme que représentent les obsèques, et vous permettent donc de faire face aux faux frais énumérés plus haut.
Vraiment, si vous êtes parents, je vous recommande à 3000% de souscrire à une assurance de ce genre. Cela m’a épargné un stress énorme de savoir que l’aspect financier était couvert. J’ai moi même un contrat de ce type, qui m’avait été refourgué par ma banque lors de la souscription d’un crédit auto il y a quelques années. C’est quelque chose comme 15€ par trimestre, c’est indolore dans mon budget; et ça me tranquillise de savoir que mes proches n’auront rien à débourser pour mes funérailles.
C’est aussi le moyen pour les personnes qui n’ont pas de patrimoine qu’il soit immobilier ou financier de transmettre un peu d’argent à leur descendance.
Les contrats de type “garantie des accidents de la vie” offrent ce même type de garantie, mais n’étant pas concernée, je n’en sais pas plus, je vous invite à demander à google.
Attention, ces contrats de prévoyance sont très différents des assurances vie qui sont un placement financier, dont on peut profiter de son vivant (comme le nom ne l’indique pas), mais dont la transmission au moment de la mort est effectivement facilitée. Ce vous renvoi à ce post de Plan Cash qui reprend la différence entre les deux types de contrats.
Comment accompagner une personne endeuillée
Le titre est un peu mensonger, je ne pense pas qu’il existe une feuille de route universelle qui convienne pile poil à tout le monde. Mais au cas où cela puisse vous être utile, voici ce qui m’a aidé :
prendre des nouvelles de la personne
Mais alors, attention, énorme warning, la question “comment ça va ?” est INTERDITE -FORBIDDEN - VERBOTEN.
Cette question, vous connaissez la réponse, je connais la réponse, on est d’accord là dessus : ça ne va pas. Comment ça pourrait aller en fait ?! Et cette question, quand on l’entend, on ne peut s’empêcher d’en formuler la réponse dans sa tête et cette réponse nous brise le coeur en un million de petites miettes.
Alors, vraiment, non.
Je sais qu’elle part d’un tic de langage, mais vraiment, tournez votre langue dans votre bouche, ou relisez 7 fois votre message.
A la place vous pouvez dire “Je me doute que c’est super dur, je pense à toi”, “j’espère que ça va un tout petit peu mieux”, “j’ai pensé à toi pour telle ou telle raison”, “tiens voilà une photo de mon chat/chien”, etc…
Et le plus important : gardez cette attention dans le temps. Les premiers jours je recevais des dizaines de messages par jour. Puis de moins en moins. Et c’est normal, la vie continue, le choc est passé, les gens reprennent le cours de leur vie, et seules les plus proches sont encore à l’arrêt. J’ai lu peu de choses sur le deuil, mais j’avais effectivement lu dans un article, que passés les premiers moment où on est très entourée, on peut se sentir bien seule avec notre peine quand ça fait un mois ou deux et que ça n’est plus le sujet brûlant de l’actualité. Alors, vraiment, n’hésitez pas, même après plusieurs mois, à envoyer vos pensées à votre proche endeuillée, surtout dans des moments qui vous semblent symboliques (le 1er Noël sans la personne décédée, le 1er anniversaire, …)
Prendre soin de la personne
Là ça va dépendre de la personne en question, et de la relation que vous avez, mais cela peut prendre la forme de petits cadeaux insignifiants, d’apporter un gâteau, d’offrir de cuisiner (j’ai compris pourquoi les gens dans les séries américaines se radinent avec un plat de lasagnes pour aller présenter leurs condoléances, c’est la meilleure idée en fait, parce que, vraiment, chaque action de la vie quotidienne comme cuisiner peut vraiment être super compliquée), de préparer un care package si vous êtes loin (un petit colis avec des choses que la personne aime)
Proposer votre aide
“gérer” un deuil (je n’aime pas ce verbe qui sonne très girl boss), c’est une multitude de mini actions qui s’enchainent. Et si certaines ne peuvent pas être déléguées (les coups de fils au caisses de retraite, notaire, etc…), beaucoup peuvent l’être ou peuvent être faites à plusieurs. Pour ma part, il m’a été plus facile de me lancer dans le tri des affaires de ma maman pendant que mon copain était présent à faire d’autres choses dans la même pièce ou à côté. Et si comme moi, votre proche endeuillée à une maison à vider, croyez moi qu’elle a besoin d’aide : jeter des trucs, aller à la déchetterie, faire le ménage, mettre des trucs en vente sur le bon coin, etc…
On regarde quoi quand tout est sombre ?!
On regarde du doux, du doux, du doux !!!!
Je ne suis à priori pas une adepte du rewatch, mais je dois admettre qu’en ces temps endeuillés, c’est plutôt parfait : vous vous engagez dans quelque chose de connu, vous ne risquez pas de mauvaises surprises, que quelque chose viennent vous trigger, appuyer là où ça fait mal. Regardez une série que l’on connait déjà, c’est rassurant, et c’est exactement ce dont on a besoin : des choses rassurantes.
J’ai commencé par regarder à nouveau Grace & Frankie. Je parle beaucoup et souvent de cette série autour de moi, car je trouve c’est l’une des rares à mettre au centre de son propos l’amitié féminine ET des personnes de plus de 70 ans. Alors certes, l’indentification peut être stoppée rapidement car nous n’avons clairement pas le même train de vie que ces dames, mais tout de même, je salue cette série. Et pourtant, autour de moi, beaucoup de personnes n’ont pas accroché, ou n’ont pas été au bout des 7 saisons. Alors, oui, ça s’essoufle un peu, mais bon on a vu pire (mdr la dernière saison de Game of thrones on en parle ?!).
Le pitch de départ : Grace et Frankie sont mariées, et leurs maris sont associés et amis depuis 40 ans, sauf qu’en fait, il y avait bien plus que de l’amitié entre eux et que les maris font leur coming out gay et se mettent en couple, à 70 ans, divorçant de leurs épouses qui sont à peu près aussi semblables que le sont le feu et la glace. L’histoire fait que les deux ex-épouses vont cohabiter dans la même maison (une splendide villa en bord de mer, c’est ce que je vous disais sur le train de vie, tout ça), apprendre à se découvrir, devenir amies, et même business partners ! Les personnages sont hauts en couleurs, il y a des rebondissements, mais l’ensemble reste très drole et bon esprit.
Evidement, comme parler de série doudou sans parler de Ted Lasso ?! J’en parle dans ma 3ème newsletter “éloge de la douceur”, cette série est un bonbon. D’ailleurs, toutes les séries citées dans cette newsletter ont leur place ici aussi. Et de savoir qu’une saison 4 va finalement voir le jour, ça me rechauffe le coeur !
J’ai revu les 3 saisons en un éclair, mais en en savourant chaque minute. J’ai même pâtissé un shortbread pour accompagner ce revisionnage.
Enfin, j’ai aussi regardé à nouveau Jane the virgin. Je ne crois pas en avoir déjà parlé par ici, mais vraiment c’est une série formidable ! J’ai eu du mal à me laisser convaincre de laisser sa chance à une série qui donne beaucoup trop de place à la virginité (qui n’est rien d’autre qu’une construction sociale qui n’a d’autre but que d’avoir un avis sur ce que font les femmes de leur corps). Mais cette série est un ovni fascinant ! Un ovni car elle reprend les codes des telenovelas, avec la voix off, des méchants, des jumeaux maléfiques, des liens de parenté tordus, des intrigues, mais c’est drole, très drole, et plein de bon sentiments. Ca parle aussi de sujets importants : la famille, les enfants, la maladie, comment on change dans la vie, et comment c’est parfois difficile de maintenir des relations avec des proches qui changent ou pendant que nous changeons.
Et puis bon, qui dit Jane the Virgin dit aussi Rafaël :
Je suis actuellement en train de re-regarder Gilmore Girls (dont je parle dans ma 1ère newsletter). Je maintiens toutes mes critiques sur cette série que visiblement j’adore détester. Mais, force est de constater qu’elle me tient compagnie. Ça n’est pas une série que je regarde à proprement parler, mais je lance un épisode quand je cuisine ou que je mange.
Et pour après, car j’arrive sur la fin de Gilmore girls, je pensais regarder à nouveau Buffy, mais je suis encore en hésitation. Si les premières saisons sont très “gentilles” et divertissantes, à partir de la saison 5, ça devient beaucoup beaucoup plus sombre. C’est la saison pendant laquelle la mère de Buffy meurt subitement, et clairement, je redoute à l’avance cet épisode. Je pourrais l’éviter bien sur, mais ça n’enlèverait pas tout ce que je sais que buffy traverse à ce moment là. Et c’est peut-être pas l’idée du siècle.
Du coup, je fais appel à vos recommandations : laissez moi en commentaire des chouettes idées de série doudou à voir ou à revoir !
Merci pour vos lectures, j’ai l’impression que ce retour était un peu décousu et poussif. Mais l’envie d’écrire est là, et clairement, j’aimerais être plus présente par ici, je vais donc essayer de ne pas en faire qu’une promesse en l’air et de revenir bientôt !
punaise parce que je vous assure que c’est LUNAIRE de devoir choisir en 48h trois musiques pour accompagner la cérémonie d’adieu
Merci Azilis pour cette NL qui fait tellement écho
Je pense à toi si souvent 🩵
Merci d'avoir abordé ce sujet, Azilis. C'est si dur de perdre un.e proche, d'apprendre à vivre avec le vide qu'iel laisse et la peine qui nous terrasse. Je n'avais jamais pensé à anticiper tous ces aspects d'ordre pratique - je vais suivre tes conseils et en parler avec ma maman et mon mari. Je t'envoie plein de douceur.