Je viens de terminer la série suédoise Love & Anarchy (dispo sur Netflix), et j’ai été particulièrement sous le charme de la première saison (moins de la 2ème, mais nous y reviendrons).
Love & Anarchy nous parle de Sofie, une consultante qui débarque dans une maison d’édition sur le déclin pour redresser la barre et les faire entrer dans l’ère du numérique. Elle y croise le chemin de Max, jeune technicien informatique intérimaire. Je vais essayer de vous spolier le moins possible, mais, s’installe entre eux un jeu de séduction à base de défis (souvent infantiles et drôles, mais pas que) qu’ils se lancent. Sofie à la quarantaine, mariée, deux enfants, Max a 22 ans, vit en colloc est a une passion pour les plantes plus ou moins légales.
Disclaimer : ici c’est pas les cahiers du cinéma, j’ai très peu de culture cinématographique, et pas forcément les “bons mots” pour parler de ce que je vois.
Au delà de l’intrigue autour de Sofie et Max, j’ai aussi beaucoup aimé les autres histoires racontées dans cette série : la vie de la maison d’édition, le personnage du père de Sofie (qui est, vraiment, un sacré personnage ! ).
Mais, clairement, l’alchimie Max & Sofie crève l’écran. Là où cette série fonctionne, entre autre, super bien pour moi, c’est dans la manière dont sont filmées les scènes de séduction et de sexe. J’ai l’impression qu’une série américaine montrerait les choses de manière plus léchée, là où Love & Anarchy montre une certaine crudité, pas dans le sens sexuel/porno, mais plus dans le sens de réussir à montrer un côté brut, un côté vrai. Quand des personnages font l’amour dans Love & Anarchy, ils ont les joues qui rosissent, le souffle qui se fait court et le cheveux hirsute.
Ça m’a beaucoup touché, sans doute d’autant plus que j’ai eu un gros crush pour Max, bien qu’il ai presque la moitié de mon âge (Di Caprio, sort de ce corps). Au delà de son minois charmeur et de ses lèvres qui paraissaient douces comme des coussins, Max est aussi un mec cis qui ressent des émotions, les nomme et les exprime. Bah, ça, dans les œuvres de fiction, c’est pas si souvent, donc ça a le mérite d’être souligné pour moi.
La 2ème saison m’a moins emballée, elle est d’avantage focalisée sur Sofie, qui traverse une période compliquée (gros TW deuil, maladie mentale), dans le même temps où elle obtient un poste de pouvoir dans son entreprise. Elle est régulièrement odieuse, dans le pro comme dans le perso, et j’ai du mal avec ça (surtout avec Max, okay, leave Max alone !).
Je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec une autre série que j’ai regardé juste avant et dont j’ai, je crois, détesté tous les personnages. Il s’agit de la série On the verge de et avec Julie Delpy. Elle décrit le quotidien de 4 quinqua qui vivent à Los Angeles. Elles sont toutes détestables, instables, tour à tour menteuses, inconsistantes, paumées. Et tout ce mal-être rejaillit sur leur relation de couple et sur leurs gamins pour un résultat forcément pas ouf (le pire étant tout de même le personnage du mari de Julie Delpy qui est tout bonnement odieux).
J’ai regardé également Duchesse, une série britannique sur une mère célibataire qui veut avoir un 2ème enfant, mais pas avec son mec avec qui elle est depuis 2 ans. Non, avec un donneur de sperme ou alors avec son ex qu’elle déteste, elle rejette donc bien comme il faut son mec qui croyait enfin à une avancée dans leur relation. Et ça m’agace.
Je ne sais pas pourquoi je m’énerve si facilement devant des personnages féminins qui m’agacent ? Est-ce que c’est parce que j’ai trop été biberonnée aux personnages féminins qui sont là où elles sont attendues : des femmes douces, aimantes, raisonnées et raisonnables ? Ou bien est-ce que parce que ces personnages féminins qui sortent de la norme sont écrit sans trop de subtilité ? Sans doute un peu des deux…
Autre hypothèse : l’inversion des rôles. Les personnages de femmes dits “subversifs” ont souvent des caractéristiques qui sont habituellement prêtées aux hommes : incapacité à s’engager dans une relation sentimentale, obsession pour le sexe, immaturité affective, incapacité à se remettre en question, incapacité à communiquer et à exprimer ses émotions.
Si ça ne sont pas des traits de caractère que j’affectionne chez les personnages masculins, bah, sans surprise, je n’aime pas non plus les voir chez des personnages féminins.
Le point commun qui fait que ça ne fonctionne pas pour moi : quand je ne parviens pas à ressentir un peu d’empathie pour le personnage.
Est-ce qu’il n’y aurait pas un juste milieu entre Charlotte1 de Sex & the city et Sofie de Love & Anarchy ?
Heureusement si !
Je crois que la première série populaire qui a montré des personnages féminins moins lisses qu’à l’accoutumée était Girls. C’était une des premières fois que je voyais une héroïne de série qui débordait (légèrement hein) des normes de beauté, des scènes de sexe un peu wtf, et des personnages qui prennent des décisions irrationnelles qui nous font dire “mais enfin, meuf, pourquoi ?!”.
Là où j’ai été un peu limite, ça a été pour Fleabag. J’ai beaucoup hurlé devant mon écran tellement j’étais fatiguée des trucs complètement wtf qu’elle faisait. Mais, en en parlant avec une amie2, très fan de la série, j’ai un peu mieux compris le personnage, et pu ressentir cette touche d’empathie qui a fait que, ok, j’ai pu mieux comprendre.
Il y a bien sur beaucoup d’autres séries avec des personnages féminins complexes, bien écrits et qui prennent parfois des décisions qui nous paraissent déraisonnables, je ne vais pas toutes les citer, ça n’est pas le but. Mais je constate avec joie, qu’en effet, depuis quelques années, nous avons tout de même accès à des personnages qui peuvent être moins stéréotypé·es. Des personnage qui ne sont pas là seulement pour être admiré·es, envié·es. Des personnages auxquel·les parfois on ne s’identifie pas. Des personnages qui sont parfois sur le fil du rasoir en terme de santé mentale. Des personnages qui prennent des décisions de merde.
Je n’avais pas du tout prévu de partir sur cette voie là, mais en y reflechissant, si nous avons beaucoup plus de diversité dans l’écriture des personnages de série, elle reste tout de même encore très limitée en terme de diversité physique : les personnages racisé·es sont très souvent cantonné·es aux rôles de meilleur·es amies, et les personnages gros·ses sont encore très très souvent absente, et très très rarement les personnages principaux·les.
Donc je conclurais en disant “bien, mais peut mieux faire”, et également, regardez Love & Anarchy, c’est vraiment très très bien !
Très mauvais exemple, lol, Charlotte est par essence insupportable !
Que s’appelorio tata Délia pour les intimes
Après avoir ,sur tes conseils, résisté aux premiers épisodes de L&A qui ne m’ont pas du tout plu,j’ai fini par accrocher sur la 2ème moitié de la première saison. Et j’ai apprécié la 2ème pour justement cet aspect sente mentale/deuil. Mais au début ce qui m’a fait détester le personnage de Sofie c’est justement cette inversion des rôles qui reste dans les clichés, je me suis vmt dit « être en position de pouvoir n’autorise personne,homme ou femme, à hurler sur les autres et ne pas s’intéresser à sa famille ou ses enfants ». Finalement c’est plus nuancé que cela,mais j’avoue que je n’ai eu que peu d’empathie pour elle dans la première saison, aussi parce que ce jeu de defi m’a fait dire souvent devant mon écran « oh le malaise /mais pourquoi elle fait ça » ,alors que contrairement à toi je n’ai à aucun moment pense ça dans fleabag (top1 série de tous les temps pour moi!) j’ai très vite eue beaucoup d’empathie pour ce personnage si perdue et triste qui galère avec les codes sociaux et le deuil… breeef c’est drôle parce que finalement nos conclusions sont les mêmes mais si nos regards et nos goûts sont très différents! Pour Love et Anarchy, je partage ton avis sur les scènes de sexe et d’amour, je n’y ai senti aucun male gaze , on voit aussi la considération du plaisir féminin et ça change -enfin! Concernant la série de Dupuy, je n’ai pas tenu le coup,j’étais trop en colère et déçue de voir qu’une série réalisée par une femme française étaient dans tous les plus pourris clichés des séries américaines, emplie de male gaze ou les femmes sont irrationnelles et plates (j’entends par la aucune complexité des personnages) en plus d’être classiste et 0 inclusif… un très long message pour dire que ton propos est très intéressant et enrichissant,merci ! Et que je suis impatiente de lire tes prochaines recommandations que je suivrais avec joie ;) d’ailleurs permets moi de te recommander Mental,une série française absolument GÉNIALE a mon sens, je serais ravie d’avoir ton retour sur elle (TW santé mentale,suicide)
Intéressant ce que tu dis là, et je partage tes ressentis je dois dire (et comme toi j'étais un peu dubitative devant Fleabag, d'autant plus vu son succès retentissant, sauf que je n'ai pas vraiment eu l'occasion d'en parler avec quelqu'un qui m'offrirait un éclairage différent donc j'en suis toujours un peu à 🤷🏼♀️) - merci pour la reco Love & Anarchy!
Bon dimanche ❤️